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S'il est un thème omniprésent dans le discours de société contemporain, c'est bien celui du racisme. Récurent au point de devenir obsessionnel et d'agacer tout qui veut poser un regard sans névrose sur le monde actuel, il pousse chacun à surveiller la moindre de ses attitudes, la moindre de ses réflexions, la moindre de ses pensées, le plongeant dans la crainte de commettre, involontairement ou non, l'impair qui pourrait être interprété comme un comportement raciste par les dépositaires d'un politiquement correct simpliste.
La majorité des pays ont à ce titre adopté un arsenal de mesures répressives visant à punir, parfois lourdement en regard de la "faute", tout acte ou propos laissant à penser que quelqu'un a osé, même partiellement, même sans dangereuse arrière-pensée, remettre en cause le dogme d'une identité et d'une entente généralisée et utopique entre des populations issues du monde entier. Le pire est d'ailleurs que, afin d'éviter un débat relativiste risquant de mener à une absence de répression, ces législations parfois ridicules et généralement appliquées à sens unique n'ont pas osé effleurer le nœud du problème, à savoir l'essence même du racisme ou sa définition.
Rares sont encore les personnes qui établissent une échelle de valeur en raison des seules couleur de peau ou nationalité, ce qui pourtant constitue l'acception première que la société officielle reconnaît au concept de racisme. Il est loin le temps où le "gentil sauvage" était plus assimilé à un animal savant qu'à un être humain à part entière. De là même manière, plus personne ou presque ne saurait cautionner des phénomènes qui en ont dérivé comme l'esclavage - encore que ce dernier, grâce à sa grande évolutivité, ait réussi à perdurer sous d'autres formes dans le système économique de profit maximal -.
Le sentiment éprouvé, en particulier en Europe, n'est pas un racisme primaire similaire à celui connu à des époques antérieures. Et il n'en reprend parfois des expressions qu'en raison d'une difficulté à exprimer un sentiment autour duquel le débat est strictement interdit sur ordre du pouvoir et des instances idéologiques dirigeantes. Cette frustration et cette impossibilité d'exorciser ses angoisses refoulées est d'ailleurs le moteur puissant d'une transition individuelle vers une xénophobie cette fois-ci plus primaire, car non formulée. Un problème ne pouvant se résoudre que lorsque sont clairement énoncées ses caractéristiques, la société se débat donc dans une hystérie collective antiraciste tout aussi floue dans sa justification que la haine de l'étranger.
Élément essentiel à la réflexion, cette aversion pour les autres ethnies est en outre "domestique" et ne s'applique généralement qu'aux étrangers présent sur le sol de celui qui l'éprouve.
Si l'on prend une famille étrangère et qu'on l'implante n'importe où dans une communauté européenne, cette dernière nourrira avant tout une curiosité à l'endroit des nouveaux arrivants. Elle cherchera à apprendre des choses de leur pays d'origine aussi diverses que la cuisine, les coutumes, les habits, les croyances,… Cette phase d'apprentissage permettra à chacun de définir son réseau de relations humaines, étant entendu que les autochtones demeurent bien les vrais héritiers du sol dont ils sont originaires. Or, l'Europe a connu depuis quelques décennies un phénomène beaucoup plus brutal avec l'immigration massive de populations essentiellement en provenance d'Afrique, qu'elle soit du Nord ou subsaharienne. Face à la natalité galopante de ces dernières en regard de la sienne, l'Européen n'a pas la possibilité de définir de sereines relations face à ce qu'il appréhende comme une invasion s'appropriant la terre de ses ancêtres et de ses enfants, important et imposant son mode de vie,… Ainsi qu'il en serait chez n'importe quelle espèce animale qui voit son territoire menacé par l'arrivée d'une nouvelle horde, l'Européen en a conçu un rejet pour une population étrangère qui, en raison du degré de civilisation de l'homme, tient tout autant à la préservation culturelle que territoriale ou ethnique. Voilà le cœur du problème au travers duquel transparaît déjà la réponse pour résoudre le racisme basique.La justesse de cette analyse trouve d'ailleurs des illustrations à travers la planète et les âges. Ainsi l'immigration asiatique, moins ostensible, plus discrète et mieux intégrée est-elle très largement admise, le racisme antiasiatique étant tout à fait marginal par rapport à celui concernant les Nord-Africains ou les Noirs. De même, les Blancs à l'époque coloniale faisaient de la part des populations indigènes l'objet d'une haine au sujet de laquelle nul ne leur fait de procès d'intention et dont la nature est similaire au phénomène décrit plus haut, trouvant parfois des exutoires sanglants lors de la décolonisation.
Le racisme au sens simpliste où il est généralement envisagé par l'idéologie dominante actuelle n'existe pas. Seule l'incapacité à poser sans fard le problème explique qu'aucune solution n'est trouvée aux tensions qui mettront à bas la société européenne.
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